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Plus loin que la Mer de l'Eternité
25 février 2009

Tout change

   Quatre ans et quelques mois...

   Cela fait tout ce temps que je n'ai pas écrit sur ce blog. Qu'importait après tout la vie d'un prof en devenir. Oui, mais... Voilà. La situation a changé. L'administration de l'Education Nationale et son abêtification ont eu raison de moi. Je n'ai pas encore démissionné, mais normalement, ce devrait être fait au mois d'Août. Le temps de faire mon préavis... En vacances... Pour le reste, ils n'ont de toute façon pas besoin de moi car derrière moi, il y a quinze jeunes qui imaginent (ou les IUFM les forcent à imaginer qu'actuellement, le métier de prof est le meilleur au monde).

   Nous faisions partie de l'élite et nous formions pour que chacun trouve sa place. Je vais choquer ; mais, oui, notre but originel était de transmettre des connaissances en discriminant ceux qui le méritent, de ceux qui le méritent moins (qui étaient plus à l'aise à construire, produire des biens matériels, plutôt qu'à réfléchir). J'ai eu comme dernières classes ces derniers mois, des classes de bac pro. Ces derniers, contrairement à ce que l'on pense de ces filières, sont sévèrement sélectionnés, contrairement à certains élèves des filières générales qui se retrouvent là parce que... parce qu'on leur a refusé les classes pro (trop de demandes pour peu d'offres) ou parce qu'on leur a dit que finalement, il y arriverait (sans compter que l'on juge les collèges sur leurs statistiques de passage en seconde). Et avec une seconde générale, que fait-on ? Le bac, pardi ! Le problème, c'est que malgré la baisse de niveau de cet examen (qui est tenu par l'Education Nationale alors qu'il devrait être fait par des profs de fac, puisque c'est le premier examen universitaire), on est obligé de gonfler les notes (étrangement l'an dernier, avec les notes que j'ai mises tout au long des différents jurys des autres années, on n'a pas fait appel à moi pour corriger !) avec en présence, un représentant du rectorat, tant dans les jurys que dans les réunions d'harmonisation... Sans compter des consignes orales (du type, il n'y a que 40% de reçus après la première correction, il en faut au moins 75 à 80, à vous d'en comprendre les conséquences !). Et puis, l'habitude que nous avons de faire zapper les élèves. Il ne faut pas étudier un ou deux livres en un trimestre, c'est trop long ! Ces chérubins s'ennuient... Oui, mais pour véritablement saisir le sens de quelque chose, il faut souvent s'y arrêter plus de cinq minutes et faire agir ses cellules grises (ce qui, il est vrai, coûte une certaine énergie).

   Bref, on forme, effectivement, à l'école, de vrais petits soldats de la consommation qui ne posent aucune question et qui répondent à des besoins (sollicités par la société) totalement inutiles.

   Et oui, je me suis aigri avec le temps. Quoique... J'ai toujours été assez critique avec mes semblables et moi-même. D'ailleurs, les préceptes de Freud se sont confirmés terriblement : les enfants sont des pervers polymorphes, à qui l'on prête, nous adultes, des attitudes et des comportements profondément innocents, voire irréfléchis. On leur vole ainsi une grande partie d'une partie intégrante de leur être, leur perversion profonde, sincère et forte, puisque poussés que nous sommes au culte de l'innocence comme valeur suprême.

   Illusions, illusions...

   Du coup, je suis passé de l'autre côté de la barrière. Neuf ans après, me voilà étudiant de nouveau. Vieux dans ma promo (il est vrai que tant de différences se font jour, le niveau est déjà nettement fléchi par exemple dans la maîtrise de l'énonciation, du niveau de langage ou dans les bases grammaticales et orthographiques de notre langue), il y a une sorte de différence culturelle. Mais, il faut dire aussi que je suis passé dans un monde de droite (celui des juristes et des gestionnaires) venant d'un monde relativement à gauche (du moins dans ses fonctionnements), celui des lettreux. L'atmosphère est tout de même radicalement antithétique.

   La formation est, malgré tout, intéressante. il faut s'accrocher car il faut maîtriser des concepts nouveaux pour moi.

   Il se fait tard et, avant de m'endormir, je vais aller retrouver Jeu de société  de Lodge que je souhaite finir dans les jours qui arrivent. Tiens, une universitaire en lettres qui se retrouvent stagiaire dans une usine de métallurgie dans les années Thatcher... Ca me rappelle vaguement quelqu'un... Les histoires de cul en moins. Enfin pour l'instant ! Et sans doute pour plus loin que la mer de l'éternité...

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